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Sortir à RENNES dans l'Ille et Vilaine (35)

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Sortir à RENNES
dans l'Ille et Vilaine

MONDES DISPARUS, CIVILISATIONS RETROUVÉES

Pas de visuel
  • Sorties Expositions
  • Date : du vendredi 3 décembre 2021 au vendredi 7 janvier 2022
  • Horaire : 10h00 à 19h00
  • Adresse: 1 Place de Bretagne,
  • Organisateur: Le Grand Angle - imoja
  • Ref annonce gratuite Expositions: 229657

Brice Aulin, Lydie Chamaret , Julien Duporté, Pierre Galopin et Sarah Lück réactivent, revisitent et explorent des savoir-faire, détournent des objets, des techniques, ré emploient des matériaux délaissés. Les œuvres présentées à la galerie Grand Angle sont issues de séries achevées ou encore en cours. Présentées ensemble, elles tracent un parcours qui va de la réinvention de la cuillère au XXIème siècle, à la conquête de l’espace par la broderie. L’histoire de l’humanité revisitée et condensée dans un espace de 42 m². Chaque œuvre à sa manière est un instantané tissant des liens avec les autres. On acceptera donc de se laisser guider dans ce maillage temporel et plastique où rien n’est figé. Les œuvres sont le résultat d’expériences et de recherches poussées qui démontrent par la répétition et la diversité, la réjouissance avec laquelle elles sont accomplies. Cette joie d’inventer des systèmes et créer des formes nouvelles avec des techniques déjà éprouvées nous sera communiquée si nous acceptons de nous laisser porter de l’une à l’autre sans itinéraire prédéfini.

Ainsi, ce travail délicat, méticuleux de Brice Aulin, installant fil après fil des images d’exoplanètes fictives, qui nous invite d’emblée à un grand écart entre l’ici et l’ailleurs, à une excursion au-delà du temps et de l’espace. Nous sommes bien, ici et maintenant, à contempler une image, savamment et longuement brodée. Faite de petits points, elle nous renvoie autant au pointillisme qu’au pixel en passant par la trame benday. La broderie se dégage de la platitude, l’image y prend corps dans l’épaisseur de la fibre compilée, agencée, par petites touches, dans un temps étiré. L’œuvre raconte cette histoire de voyage lent, dans le temps de la fabrication, dans le temps du regard qui se perd à des centaines de milliers d’années lumières par la force de l’imagination.

Les moulages de Pierre Galopin sont plus terrestres. L’artiste utilise un moule à gâteau en silicone de forme savante qui doit servir à épater les convives. La production du vide du moule devient systématique et la forme, se décline possiblement sans fin. Nous avons là une forme standardisée, presque minimaliste, affublée à chaque exemplaire d’une identité picturale unique proche de l’expressionisme abstrait. Cette série de prototypes de gâteaux, moitié sculptures, moitié peintures, débutée en 2018, démontre que si la pâtisserie industrielle a encore de beaux jours devant elle, la pâtisserie artistique, autant comestible, se réinvente généreusement dans une lignée pop. Ce travail prend alors les atours d’une pièce montée, compilant les grands mouvements artistiques du XXème siècle, tout en restant digeste !

Dans ce voyage d’une œuvre à l’autre, les étapes sont mouvantes, changeantes, les itinéraires sont à réinventer à chaque parcours. Sur les formes évolutives des sculptures habilement agencées de Sarah Lück plane l’ombre des alignements de monolithes. Jeux d’empilements, d’équilibres, d’emboitements, les sculptures sont des pièges colorés qui détournent notre regard du lien, de la jonction des matériaux, cet interstice où se loge la part mystérieuse d’une humanité habitée par le besoin de donner des formes à l’invisible, à l’incompréhensible, aux réponses existentielles. Sarah Lück manipule ses matériaux de récupération comme des pièces de puzzle et donne à voir un monde de variations architecturales qui traversent l’Histoire, du totem au menhir, de la cabane à l’architecture utopique.

Lydie Chamaret choisit précisément ses matériaux. Ils semblent pouvoir traduire les variations d’un monde fragile, sensibles aux changements quelles qu’en soient les causes et les conséquences. L’épaisseur du drap de laine ou du jersey qu’elle utilise donnent une certaine tenue à ses sculptures. Elles gardent la souplesse du tissu tout en se déployant en des volumes complexes, quasi organiques. Par un habile agencement et assemblage d’une même forme plate, un même patron, répété des dizaines de fois, elle crée cette multitude d’alvéoles et de plis qui rendent ses œuvres délicates, étranges, mélodieuses et inquiétantes. Il nous semblerait presque qu’elles se meuvent, qu’elles évoluent, qu’elles prennent vie en nous invitant à les suivre et à changer de rythme, de projet, de futur.

En voulant investir une pratique ancestrale, celle de la taille du bois, Julien Duporté a pris le parti d’assumer la perspective historique. S’emparant d’outils manuels, il s’applique à réinventer la cuillère. Objet usuel d’un quotidien ponctué de nombreux temps de repas, la cuillère est un incontournable du confort moderne. Même si l’objet a connu de nombreuses variations en fonction des usages possibles, depuis l’Antiquité, sa forme n’a que peu évolué, c’est bien la preuve que l’invention était géniale. On trouve des cuillères à agrume, à avocat, à bouillie, à bouillon, à cerise, à chocolat, à cire, à fard, à fruits en salade, à huîtres, à moutarde, à poisson, à pot (quasi synonyme de louche), à punch, à soda, à zakouski et sans doute à tout ce qui peut entrer dans une cuillère. Poursuivant une véritable quête de tous les usages possibles du couvert, Julien Duporté renoue avec l’artisanat, s’installe avec humour et générosité à la frontière entre la sculpture et le design.