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EXPOSITION JACQUES RENOIR – DÉLICES EN CIEUX

Pas de visuel
  • Sorties Exposition photos
  • Date : du jeudi 17 février 2022 au samedi 26 mars 2022
  • Horaire : 16h00 à 18h30
  • Adresse: 6 rue du docteur Jacques Guidoni,
  • Organisateur: Galerie Depardieu
  • Ref annonce gratuite Exposition photos: 232541

Jacques Renoir – Délices en cieux
Vernissage le jeudi 17 février de 16h à 21h.
En présence de l'artiste
Exposition jusqu'au 26 mars 2022
Entrée libre

Un catalogue sera édité dans le cadre de l’exposition.
Jacques Renoir fera une présentation et dédicace le jeudi 17 février 2022, pendant le vernissage.

La délicencieuse exposition de Jacques Renoir

La photographie de nu remonte aux années 1850. C’est dire l’ancienneté de ce motif qui représentait alors presque la moitié des prises de vue en circulation. Avec le portrait et le paysage, on a l’essentiel des thèmes portés par une technique nouvelle qui venait tout juste de naître.
La peinture gardait jalousement ses prérogatives multiséculaires et renvoyait cet art naissant aux animations de foire, aux besoins des artistes d’avoir des modèles à reproduire pour pas cher, et aux scientifiques. Quant aux nus, les salons de l’Académie proposaient en couleurs des scènes audacieuses, incroyablement sensuelles et qui s’affichaient avec le voile pudique des références antiques et de l’autorité incontestable des maîtres anciens.
Pourquoi ce rappel du passé quand il s’agit de parler d’une exposition qui se tient aujourd’hui à plus de cent cinquante ans de distance ? Parce que la parenthèse de la « révolution sexuelle » et du « il est interdit d’interdire » a vécu. Nous en revenons a des problématiques d’un XIXe siècle qui nous parait plus proche que jamais. On excuse la présentation muséale et non voilée de la peinture de Courbet « L’origine du monde », mais la même réalité en photo dans le même contexte enflammerait le tribunal des réseaux sociaux.
Or Jacques Renoir a voulu cette présentation, avec l’indépendance du créateur qui poursuit ses propres exigences. Chaque photo a été choisie avec soin, avec cette ingénuité qui est la signature de sa souveraine liberté.
Les photos « enflammées » retiennent l’attention. On pense à un autodafé de représentations érotiques, à moins que ce ne soit le corps lui-même qui prenne feu de désir. Le temps de la disparition est suspendu, laissant le spectateur à sa méditation. Les mêmes photos sont exposées dans leur intégralité. Certaines d’entre elles ont été prises dans le contexte d’une chapelle privée désaffectée. La position du corps évoque souvent une crucifixion à moins que ce ne soit un abandon, un envol ou une offrande. On pourra toujours évoquer le martyr de sainte Julie ou d’autres saintes crucifiées parfois représentées avec la poitrine nue, ou encore le martyr de femmes chrétiennes arméniennes durant le Génocide.
La photo de l’affiche joue avec le double sens de son titre : « Délices en cieux ». On y voit ce que j’appelle une « Fleur du mal » : un corps mort ou endormi, aux bras étendus, peut-être déposé dans cette fosse éclaboussée alentour de coquelicots comme autant de taches de sang. On pense aux « poppies » de la tradition anglo-saxonne qui font référence à la Première Guerre mondiale et au poème de John McCrae qui évoque les tombes des soldats morts au combat : « In Flanders Fields » : « Dans les champs des Flandres, les coquelicots fleurissent entre les croix… ». On pourrait également penser en voyant ces papavéracées au dieu du sommeil et des rêves, Morphée, dont ils sont le symbole. Il y a ici une inquiétante étrangeté.
Les images de corps blancs sur fond blanc, ou de corps noirs sur fond noir, sont particulièrement intéressantes. Ce n’est plus seulement le corps qui est dévêtu, mais l’image elle-même qui se dépouille. Ici la photographie se montre telle qu’elle est : une « écriture avec la lumière 
Les blancs sur fond blanc sont particulièrement émouvants. Le corps féminin est opalescent, à peine habillé d’un trait. On est au bord d’une disparition dans la lumière qui s’écrirait presque totalement.
Jacques Renoir n’est pas un jeune homme certes, mais c’est un jeune artiste. Il n’hésite pas à se renouveler et à prendre des risques comme de se mettre en scène nu au milieu d’une de ses expositions.
L’autre prise de risque est celle du triptyque « Le berceau » que j’appellerai les « crèches ». Ces photos peuvent produire sur le spectateur un effet que je rapprocherai du « Déjeuner sur l’herbe » de Manet, et que le peintre désignait familièrement de « Partie carrée ». Dans les deux cas, il s’agit d’un détournement de l’allégorie ou de la représentation traditionnelle. L’un y verra un objet de scandale, ou au mieux une de ses images limites qu’il vaudrait mieux réserver pour l’alcôve. Un autre méditera sur la réalité de l’enfantement que masque la représentation sacrée. Un autre encore fera comme Émile Zola devant « Le déjeuner ». Celui-ci précise que la foule aurait dû juger « comme doit être jugée une véritable œuvre d’art… Elle a cru que l’artiste avait mis une intention obscène et tapageuse dans la disposition du sujet… Le sujet est un prétexte, Tandis que pour la foule le sujet seul existe » (in Édouard Manet, 1867).
Je voudrais terminer sur une des photos qui me parait la plus emblématique, celle ou une femme nue, vue de dos est enserrée d’ombre entre les deux lèvres de la cavité d’un tronc d’arbre. Il y a là un effet de mise en abîme que vient renforcer une forte ligne parcourant le corps de haut en bas. Le travail de la lumière fait un effet de Bocca della Verità, de Bouche-de-la-Vérité. Si le corps ne disparaît pas, c’est qu’il dit la vérité, vérité du corps, vérité du magnifique et soutenu travail de Jacques Renoir.

R. Sélavy. Prêtre, écrivain.



Lieu :
Galerie Depardieu
6 rue du docteur Jacques Guidoni
06000 Nice
Tel 0 966 890 274
www.galerie-depardieu.com
Du lundi au samedi de 14h30 à 18h30