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Sortir à MARSEILLE dans les Bouches du Rhône (13)

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Sortir à MARSEILLE
dans les Bouches du Rhône

VERTICALITÉ

Sortir à MARSEILLE(Bouches du Rhône). MARSEILLE.
  • Sorties Exposition photos
  • Date : du vendredi 20 septembre 2024 au mercredi 15 janvier 2025
  • Horaire : 11h00 à 18h00
  • Adresse: Le ventre de l'architecte, Le Corbusier, 3e ét, 280 Bd Michelet,
  • Organisateur: Severiano Rojo
  • Ref annonce gratuite Exposition photos: 302721

Verticalité
Severiano Rojo



Les écrivains du XXe siècle ont tenté de traduire le choc provoqué par la vision d’une ville toute en verticalité. Ils ont comparé les rues de New York à des canyons, les rangées d’immeubles à des falaises, recherchant la formule adéquate qui rendrait compte de leur fascination. Céline n’est pas en reste avec l’image d’une ville debout, « absolument droite ». New York a rompu avec les capitales du XIXe siècle qui s’offraient au regard du flâneur. « En levant le nez vers toute cette muraille, j’éprouvai une espèce de vertige à l’envers », déclare Bardamu, écrasé. Pour appréhender la métropole, il faut changer d’optique, changer d’échelle. « New York ne se révèle qu’à une certaine hauteur, à une certaine distance, à une certaine vitesse : ce ne sont ni la hauteur, ni la distance, ni la vitesse du piéton », écrit encore Sartre, conquis.

Dans ses photographies, Severiano Rojo s’empare de cette mythologie littéraire et cinématographique des villes américaines pour s’en ressaisir, la faire sienne. Ses clichés perdent tout ancrage au sol, le regard s’élève résolument tourné vers le ciel, un ciel « que les gratte-ciel repoussent très loin au-dessus de nos têtes ». New York, Chicago, c’est l’architecture et ses formes qui priment : tremplin de verre qui s’élève dans les airs, zébré de traces lumineuses, parallélépipèdes rectilignes dont le sommet se perd dans l’épaisseur du brouillard. Même percés de ciel, les volumes de ces parois géantes sont écrasants et ravivent la sensation de « vertige à l’envers ». Plus rien du rouge de la brique, des couleurs tape-à-l’œil des publicités gigantesques, de la transparence des fenêtres, le noir et blanc renforce les contrastes de deux villes tout en angles, faites par l’homme et pourtant sans plus de traces de sa présence, comme atemporelles. Tantôt la verticalité des édifices s’inverse en horizontalité : c’est le métro et ses jeux de lumière, qui allègent de leurs croisillons le poids des poutrelles métalliques comme cloutées de mille yeux. Tantôt la verticalité est chapeautée d’un immense couvercle ouvragé : plus d’ouverture sur le ciel, mais une structure vide bordée d’étages qui s’élève comme l’immense fosse d’un décor de science-fiction. Pourtant, derrière ces enchevêtrements de poutrelles, ces fins quadrillages de filins, on reconnaît ici et là quelques-uns des monuments qui ont fixé l’image de New York. Même si le sommet de l’Empire State Building disparaît, perdu dans une nébuleuse brumeuse, on l’aperçoit, dans un autre cliché, au loin, comme encadré par un entrelacs métallique qui découpe le traditionnel skyline. La Statue de la Liberté, elle aussi, se fond dans le paysage. En second plan, elle tient sa torche, comme les grues portuaires, dans le lointain, semblent tendre leur immense bras. Deux ogives massives striées de filins, comme dans les représentations futuristes chères au peintre Joseph Stella, c’est le pont de Brooklyn qui surgit. Que voir dans ces buildings ? « L’encadrement austère du ciel » ou des visions de villes « légères et éphémères », comme portées par des jeux d’ombres et de lumières ? Severiano Rojo ne choisit pas ; il entraîne le visiteur à sa suite, fasciné par la photogénie des formes.